Zoom : L’ecogramme, un outil systémique en médiation familiale
Mc Despax 2024
« Alba et Felix sont en couple depuis 13 ans. *
Ils ont 3 enfants :
Damien (16 ans) et Amélie (14 ans) sont les enfants d’un premier lit d’Alba.
Maé (3 ans) est l’enfant commun du couple.
Alba a appelé le service de médiation, indiquant rencontrer « des problèmes avec Damien » qui pourraient selon eux provoquer la rupture du couple qu’elle forme avec Félix.
Dans une première séance d’information, Alba et Félix, à des places respectives de parent et de beau-parent, vont évoquer la relation très difficile qu’ils ont avec Damien, son agressivité envers eux, les tensions générées et leurs inquiétudes. Ils s’inquiètent aussi de la situation pour Maé, le plus jeune, même si Damien s’entend plutôt bien avec son petit frère.
Damien, qui a été plutôt calme enfant, est devenu très provocateur à l’adolescence et a eu des comportements qui ont amené son placement en CEF (Centre Educatif fermé) depuis plusieurs mois. Il rentre chez sa mère et son beau-père 2 week-ends par mois.
Lorsqu’il vivait chez eux, il avait sa chambre que lui laissaient les « parents » depuis la naissance du plus jeune (Maé, 3 ans). Eux dormaient dans le salon.
Depuis son incarcération, les parents ont repris leur chambre et Damien est accueilli quand il vient le week-end dans un cabanon qui se trouve dans le jardin.
Dans les difficultés rencontrées par Alba pour son fils et les décisions à prendre, elle demande du soutien à Félix, qui indique en tant que beau-père, ne pas vouloir s’impliquer ni participer aux décisions ».
Le médiateur s’interroge sur la mise en place et sur le cadre éventuel d’un processus.
*Récit d’un médiateur en Groupe d’analyse de pratiques (les noms et certains éléments ont été modifiés pour garantir la confidentialité)
Suite à ce récit, en Analyses de Pratiques, il est réalisé un ecogramme de la situation familiale d’après les infos transmises :
Le dessin de la famille nous permet de nous interroger : Quid du père biologique des aînés ?
On peut aussi s’intéresser à Aurélie dont on a pas du tout parlé.
Dans l’hypothèse, soulevée par le médiateur familial qui a présenté la situation, où il serait (plus tard) demandé à Damien de venir s’exprimer dans la médiation familiale, on découvre un préalable : s’enquérir du père, a-t-il l’autorité parentale ? a-t-il des liens avec son fils ? Pourrait-il venir ?
On se dit aussi que dans ce cas, demander à Aurélie de venir également (Maé est trop petit) permettrait à la fois d’éviter le focus sur Damien, le « mauvais objet » de la famille (de lui donner un peu d’oxygène), et d’apporter une vision extérieure plus large que celle des parent/beau-parent…
Bien sûr, d’autres pistes sont possibles, mais celle-ci a l’intérêt de provoquer des questionnements à partir de ce petit schéma.
L’ecogramme est un outil systémique utilisé en médiation (apport d’Annie Babu) qui permet de visualiser l’ensemble du système familial.
Comme support réflexif dans sa pratique pour le médiateur : « Qui ai-je oublié ? Qui prend toute la place ? Comment se croisent les relations inter-familiales ?
Ce support visuel s’avère également très étayant pour les personnes au début du processus de médiation familiale et de voir et compléter ce schéma provoque souvent chez elles un début de mouvement.
L’ecogramme n’a pas les visées thérapeutiques du génogramme (surtout pas !), qui est beaucoup plus complet, complexe et axé sur les transmissions et relations intergénérationnelles.
Le génogramme est utilisé par des professionnels du soin et peut amener des questions à traiter qui n’ont pas leur place en médiation.
L’ecogramme est simplement une photographie de l’état de la famille à un instant T, qui permet :
- d’appréhender la globalité des acteurs de la situation
- d’aider les participants à la médiation à se situer et à repérer les places et rôles de chacun
- de rappeler l’importance de tous dans le système pour travailler sur le changement.
- d’évaluer l’état des interactions et de la communication entre les membres de la famille.
Un petit outil pratique « qui ne mange pas de pain », bien utile.